Parmi les figures montantes les plus singulières de la scène musicale italienne et européenne, le nom d’Anna Glibchuk s’impose avec une grâce et une intensité rares. Née le 6 novembre 1992 à Ternopil, en Ukraine, dans une famille baignée de musique — un père violoniste, une mère chanteuse —, elle hérite très jeune de cette passion viscérale. À huit ans, elle embrasse le violon, cet instrument qui deviendra le fil conducteur d’une trajectoire artistique marquée à la fois par l’exil, le talent et une volonté de fer.
Fuyant les incertitudes géopolitiques de son pays, Anna émigre en 2008 en Italie. Elle y poursuit sa formation musicale avec détermination, intégrant avec brio le prestigieux Conservatorio G. Verdi de Milan, sous la direction du rigoureux et inspirant Maestro Alberto Simonetti. C’est là qu’elle affine sa technique et développe un style personnel, nourri de rigueur classique mais aussi d’une ouverture rare à d’autres univers sonores. Entre 2018 et 2023, elle devient une figure familière dans le paysage orchestral du nord de l’Italie. Elle se produit avec des formations telles que l’Orchestra Città di Dalmine, le Concentus Convivium di Manerbio, MozzOrchestra ou encore l’Orchestra Cremona Classica Adafa, occupant souvent le poste convoité de premier violon. La reconnaissance ne tarde pas : en mai 2022, elle est nommée membre du jury du prestigieux Concours international de lutherie artistique italienne de Pisogne, puis membre honoraire de l’ANLAI, pour laquelle elle se produit dans de nombreux événements.
Mais c’est véritablement dans sa rencontre avec le jazz que l’univers d’Anna Glibchuk prend une dimension nouvelle. À partir de 2023, elle devient un pilier de la Verdi Jazz Orchestra de Milan, dirigée par le charismatique Maestro Pino Jodice, un des chefs d’orchestre les plus innovants de la scène italienne contemporaine. Elle y joue aux côtés de noms prestigieux comme Gianluca Petrella, David Blamires, Nico Gori, Simona Bencini, ou encore Dave Weckl. En tant que violon solo ou premier violon, elle participe à des projets ambitieux mêlant jazz, musique symphonique et grands répertoires populaires — de Duke Ellington à Queen, en passant par Henri Mancini et George Gershwin.Elle se produit notamment au musée Maxxi de Rome avec le Maestro Jodice en duo, à l’occasion de la sortie du Cantique des Cantiques traduit par Giuseppe Conte, mais aussi avec l’Orchestra Sinfonica di Sanremo, l’Orchestre des Conservatoires Italiens, ou encore l’Orchestre Méditerranéen de Femmes, toujours à l’avant-garde de la musique vivante.
C’est pourtant le 26 janvier 2023 qu’un tournant décisif s’amorce dans sa carrière : Anna fonde le Sunrise String Jazz Quartet, dont elle devient la première violoniste, cheffe et âme vive. Composé de quatre jeunes musiciennes parmi les plus talentueuses issues du Conservatoire G. Verdi de Milan, ce quatuor à cordes singulier revendique un répertoire « Border Line », où se mêlent librement jazz, pop, musique classique et musiques de film. Leur devise ? Briser les murs entre les genres et puiser dans toutes les émotions de la musique contemporaine. Sous la plume créative et les arrangements du Maestro Pino Jodice, le quartet publie le CD « Jazz Landscapes » le 28 janvier 2025 : une œuvre audacieuse, subtile, résolument moderne, saluée par la critique comme un souffle nouveau sur le quatuor à cordes. Les pièces, écrites sur mesure, naviguent entre sophistication classique et groove jazz, entre émotion cinématographique et envolées virtuoses.
Le Sunrise String Jazz Quartet s’impose rapidement comme le quatuor stable des projets phares du jazz orchestré à l’italienne : « Morricone in Jazz » (avec le Pino Jodice Quartet & Strings et le légendaire saxophoniste Gianni Oddi, compagnon de route du Maestro Ennio Morricone), ou encore « Stabat Mater in Jazz » et « Puccini in Jazz » avec Cinzia Tedesco. De la Sala Verdi du Conservatoire de Milan à Cremona Musica, en passant par le Maxxi de Rome, Radio RAI 3 Piazza Verdi, le Festival Abbazie Jazz, ou encore l’Auditorium Parco della Musica, leurs concerts enthousiasment un public toujours plus large, avide de nouvelles expériences musicales.
Anna Glibchuk incarne une figure exemplaire de la femme musicienne contemporaine : rigoureuse et imaginative, enracinée dans la tradition tout en étant résolument tournée vers l’avenir. Elle navigue entre orchestres classiques et projets innovants, entre engagements pédagogiques et aventures collectives, comme celle du Sunrise, où chaque concert devient une invitation à la découverte. À la croisée des chemins entre musique savante et création vivante, entre Orient et Occident, Anna Glibchuk tisse, avec son violon, une œuvre personnelle et universelle. Et si l’on devait résumer son parcours en une seule note, ce serait une note libre, vibrante, celle qui fait tomber les frontières et ouvre les cœurs.