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La découverte sensationnelle à la KBR : deux chaconnes inédites de Bach authentifiées après trois siècles

Le monde de la musique baroque est en émoi : deux œuvres pour orgue, longtemps anonymes, viennent d’être définitivement attribuées à Johann Sebastian Bach. Conservées dans le fonds Fétis de la Bibliothèque royale de Belgique (KBR), ces pièces – la Ciacona en ré mineur (BWV 1178) et la Ciacona en sol mineur (BWV 1179) – enrichissent désormais de deux numéros le catalogue officiel des œuvres de Bach (BWV). Leur première exécution publique, 320 ans après leur composition présumée, a eu lieu le 17 novembre à la Thomaskirche de Leipzig, lieu symbolique où Bach repose.

Un mystère élucidé après des décennies de recherche

La genèse de cette attribution remonte à plus de trois décennies. Peter Wollny, directeur du Bach-Archiv Leipzig, avait repéré dès les années 1990 ces deux chaconnes dans les manuscrits du fonds Fétis à la KBR. Mais ce n’est que récemment qu’il a pu finaliser l’authentification, en identifiant l’auteur des copies : Salomon Günther John, élève de Bach à Arnstadt, qui les aurait transcrites vers 1705. Selon Wollny, le style musical de ces œuvres, avec leur architecture contrapuntique, témoigne clairement d’un Bach très jeune, mais déjà très mûr : “ des caractéristiques que l’on ne retrouve chez aucun autre compositeur de son temps. “ Cette enquête s’inscrit dans le cadre du BACH Research Portal, un projet porté par l’Académie saxonne des sciences et des humanités, visant à rendre accessibles numériquement les archives de toute la famille Bach.

Une performance historique à la Thomaskirche

La première performance moderne de ces chaconnes a eu lieu le 17 novembre 2025, à la Thomaskirche (église Saint-Thomas) de Leipzig, dans un concert solennel orchestré par le Bach-Archiv. Présent lors de la cérémonie : le ministre d’État allemand à la Culture, Wolfram Weimer, ainsi que le maire de Leipzig, Burkhard Jung. L’organiste Ton Koopman, figure emblématique de l’interprétation baroque, a interprété ces œuvres inédites, redonnant vie à des pages musicales restées silencieuses pendant plus de trois siècles. Le concert a été retransmis en direct et mis à disposition à la demande sur les canaux du Bach-Archiv de Leipzig.

Le fonds Fétis à la KBR : un trésor redécouvert

Ces chaconnes avaient été conservées dans le fonds François-Joseph Fétis, une collection impressionnante compilée par le musicologue et compositeur belge (1784–1871), aujourd’hui à la KBR. Le fonds regroupe des manuscrits et imprimés musicaux précieux, couvrant une vaste période du XVe au XIXe siècle. Selon Marie Cornaz, conservatrice de la section Musique à la KBR, cette découverte renforce l’importance du fonds Fétis dans la recherche musicologique : “ un trésor immense … d’une importance majeure pour la recherche internationale “.

Une reconnaissance officelle : BWV 1178 et 1179

Avec cette attribution, le Bach-Werke-Verzeichnis (BWV) s’enrichit officiellement de deux nouveaux numéros. Selon Bach-Digital, la Ciacona en sol mineur (BWV 1179) est désormais référencée dans leurs archives, avec comme source principale le manuscrit du fonds Fétis (Ms II 3911 Mus). L’édition critique de ces œuvres a été confiée à la prestigieuse maison Breitkopf & Härtel, à Leipzig, qui publie les partitions et rend les œuvres accessibles au grand public.

Implications musicales et historiques

La découverte de ces deux chaconnes est bien plus qu’une simple curiosité d’archives :

  • Musicalement, elle éclaire la jeunesse de Bach, alors organiste et enseignant à Arnstadt, offrant un témoignage inédit de sa créativité précoce. Des techniques variées – variations, fugues, lignes de basse — montrent déjà toute la richesse de son art.
  • Historiquement, elle met en lumière l’élève Salomon Günther John, jusqu’ici peu connu, mais ici révélé comme un scribe important de l’œuvre de Bach. Wollny et ses collaborateurs ont notamment retrouvé une lettre de 1729 et un document officiel établissant l’identité et la relation entre John et Bach.
  • Institutionnellement, la KBR gagne une reconnaissance renouvelée : son fonds Fétis démontre encore une fois son apport déterminant à la musicologie.
  • Pour le public, grâce à Breitkopf & Härtel, ces chaconnes seront jouées, étudiées et enregistrées — elles pourraient rejoindre le répertoire organistique régulier.

Un moment de célébration pour le Bach-Archiv

Pour le Bach-Archiv Leipzig, cette découverte est un jalon majeur : l’institution fête en 2025 son 75ᵉ anniversaire. Sa mission — étudier, préserver et transmettre l’héritage de Bach — se trouve renforcée par cette nouvelle attribution, qui témoigne de l’importance des recherches archivistiques dans le monde musical contemporain. Peter Wollny n’a pas caché son émotion : “ Je cherchais depuis longtemps la pièce manquante du puzzle ; désormais le tableau est complet “, a-t-il déclaré lors de la présentation officielle, remerciant ses équipes et les bailleurs de fonds (gouvernement fédéral, Saxe, ville de Leipzig) pour leur soutien.

Conclusion : un écho d’un passé redécouvert

La redécouverte des Ciacona BWV 1178 et 1179 est un événement rare dans l’histoire de la musicologie. Plus qu’un ajout au catalogue, c’est un retour à la source d’un jeune Bach, un pont jeté entre la Belgique (KBR) et l’Allemagne (Bach-Archiv), entre les siècles. Ces œuvres, longtemps dormantes, retrouvent aujourd’hui leur voix — et avec elles, une part de l’âme d’un génie qui continue de fasciner.

Pour plus d’informations : www.bacharchivleipzig.de

KBR; Mont des Arts 28 1000 Bruxelles (Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 17h Fermé le lundi et les jours fériés

Visites du musée et visites guidées en néerlandais, français et anglais. Des offres pour les familles et le calendrier des activités sont disponibles sur le site www.kbr.be.


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