L’élection du pape est un événement d’une importance capitale pour l’Église catholique et le monde entier. Ce processus, ancré dans des siècles de tradition, repose sur des règles précises définies par les Constitutions apostoliques. Lorsqu’un pape meurt ou démissionne, le Collège des cardinaux se réunit en conclave au Vatican, dans la Chapelle Sixtine. Seuls les cardinaux de moins de 80 ans ont le droit de voter. Le conclave est un huis clos strictement réglementé où toute communication avec l’extérieur est interdite.
Le scrutin suit un principe de majorité qualifiée : pour être élu, un candidat doit obtenir les deux tiers des voix des cardinaux présents. Plusieurs tours de vote peuvent être nécessaires, et après chaque scrutin infructueux, les bulletins sont brûlés avec une substance chimique pour produire une fumée noire, signalant aux fidèles l’absence d’un élu. Lorsqu’un cardinal atteint le seuil requis, la fumée blanche s’élève, annonçant au monde l’élection du nouveau pape.
Une fois élu, le futur pontife est interrogé : « Acceptez-vous votre élection canonique comme Souverain Pontife ? » S’il répond « Accepto », il choisit son nom pontifical avant d’apparaître sur le balcon de la basilique Saint-Pierre pour sa première bénédiction Urbi et Orbi.
Le pape François, âgé de 88 ans, voit sa santé se fragiliser. Souffrant de divers problèmes respiratoires, il a été hospitalisé à plusieurs reprises ces dernières années. Son état physique a relancé les discussions autour de sa succession. Contrairement à Benoît XVI, François a toujours affirmé qu’il ne comptait pas démissionner, déclarant : « On ne dirige pas avec un genou, mais avec la tête ». Cependant, selon certaines sources, il aurait rédigé une lettre de renonciation en cas d’incapacité sévère.
Dans les coulisses du Vatican, les préparatifs d’un futur conclave s’intensifient. Un véritable « pré-conclave » se déroule à travers des échanges entre cardinaux influents, afin de structurer des alliances et anticiper l’après-François. Celui-ci a profondément remodelé le Collège des cardinaux en nommant des figures issues de l’hémisphère Sud, notamment d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie. Cette diversification pourrait jouer un rôle crucial dans la désignation de son successeur.
Quels sont les papabili ?
Le terme « papabile » désigne un cardinal considéré comme un candidat sérieux à l’élection pontificale. Il s’agit d’un mot italien utilisé pour désigner ceux qui, en raison de leur influence, de leur expérience ou de leur alignement doctrinal, ont des chances d’être élus pape lors d’un conclave. Cependant, il arrive souvent que l’élu final ne fasse pas partie des favoris annoncés.
Plusieurs noms émergent comme favoris pour la succession de François. Parmi eux :
- Pietro Parolin (Italie), Secrétaire d’État du Vatican, apprécié pour son sens diplomatique mais jugé trop effacé.
- Matteo Zuppi (Italie), président de la Conférence épiscopale italienne, héritier de la ligne bergoglienne.
- Luis Antonio Tagle (Philippines), proche du pape et influent en Asie.
- Pierbattista Pizzaballa (Italie), Patriarche latin de Jérusalem, apprécié pour son engagement en Terre Sainte.
- Fridolin Ambongo (République démocratique du Congo), archevêque de Kinshasa, figure montante du continent africain.
- Jean-Marc Aveline (France), archevêque de Marseille, défenseur d’une Église ouverte aux migrants.
Les votes des cardinaux pourraient se porter sur un profil consensuel, capable de préserver l’équilibre entre tradition et réforme.
Depuis l’élection de François, premier pape non européen depuis treize siècles, la possibilité d’un pontife issu d’Afrique ou d’Asie est sérieusement envisagée. L’Église connaît une croissance rapide sur ces continents, notamment en Afrique où le nombre de catholiques a augmenté de 22 % entre 2013 et 2022. Les cardinaux africains sont néanmoins majoritairement conservateurs, ce qui pourrait compliquer leur accession au trône de Saint-Pierre.
En Asie, l’influence de figures comme le cardinal Tagle pourrait jouer en faveur d’un pape asiatique, renforçant ainsi le rôle du continent dans la dynamique catholique mondiale.
La succession de François pourrait marquer une inflexion doctrinale. Deux visions s’opposent :
- Une ligne progressiste, héritée de François, mettant l’accent sur la miséricorde, l’ouverture aux migrants et les réformes sociétales.
- Une ligne conservatrice, prônée par certains cardinaux souhaitant un retour à la rigueur doctrinale et à la clarté en matière de foi et de morale.
Le document « Le Vatican demain », attribué à un cardinal anonyme sous le pseudonyme « Demos II », critique sévèrement la gouvernance de François et appelle à un retour aux fondamentaux de la foi catholique. Cette fracture au sein du Collège des cardinaux rend l’issue du conclave incertaine.
Un conclave déterminant pour l’avenir de l’Église
L’élection du futur pape sera un moment clé pour l’Église catholique, confrontée à des défis majeurs : la sécularisation croissante, les divisions internes, la crise des vocations et les scandales qui ont ébranlé sa crédibilité. Alors que la santé du pape François décline, les grandes manœuvres ont déjà commencé pour lui trouver un successeur.L’enjeu dépasse la seule personne qui montera sur le trône de Pierre : c’est toute l’orientation de l’Église pour les décennies à venir qui se joue dans ce prochain conclave.
Photo : © Mazur/catholicnews.org.uk (Flickr)
Licence CC BY-NC-ND 2.0 (Attribution-NonCommercial-NoDerivs 2.0 Generic)