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Han Kang : une écrivaine coréenne au sommet de la littérature mondiale

Han Kang, également orthographiée Han Gang (한강), est née le 27 novembre 1970 à Gwangju, une ville marquée par l’histoire tragique du soulèvement de 1980. Issue d’une famille modeste, elle est la fille de l’écrivain coréen Han Sung-won, qui a éveillé en elle l’amour des mots dès son plus jeune âge. Lorsqu’elle a dix ans, sa famille déménage dans le quartier de Suyu, à Séoul. C’est dans cet environnement, entourée des livres accumulés par son père, qu’elle commence à développer un goût précoce pour la lecture. Elle découvre les œuvres coréennes de Kang So-cheon et Ma Hae-song, mais c’est en lisant des auteurs étrangers, tels que Dostoïevski et Pasternak, qu’elle forge sa sensibilité littéraire.

Elle étudie la littérature coréenne à l’université Yonsei, l’une des plus prestigieuses institutions du pays. Son initiation littéraire prend forme en 1993, lorsqu’elle publie ses premiers poèmes dans la revue “Littérature et Société” (Munhakgwa sahoe). C’est en 1994 que sa carrière littéraire prend véritablement son envol avec la nouvelle *L’Ancre rouge” (Bulgeun dat), qui remporte le concours littéraire du “Seoul Shinmun”. Mais c’est la publication de son premier recueil de nouvelles *Un amour de Yeosu* en 1995 qui la fait remarquer des critiques pour son style narratif fin et précis.

Les débuts littéraires et style unique   

Les œuvres de Han Kang se distinguent par une prose poétique et introspective qui met en lumière la fragilité humaine. Son style est imprégné du concept coréen de “Han”, une mélancolie poignante mêlée de ressentiment, souvent associée aux douleurs historiques et aux injustices subies par le peuple coréen. Dans ses romans, elle intègre le silence comme un élément essentiel de sa narration, créant une tension entre des forces opposées : l’ordre et le chaos, le végétal et l’animal, le rationnel et l’irrationnel. Son approche de la littérature se démarque de la tendance positive de la littérature coréenne de son époque. Ses romans se concentrent sur la douleur, l’isolement, la violence, et la souffrance individuelle et collective, un thème qui résonne profondément avec l’histoire récente de la Corée du Sud. Ce ton grave et introspectif trouve écho chez un lectorat qui reconnaît la profondeur émotionnelle de ses écrits.

Perception en Corée et vie personnelle 

En tant que femme écrivain, Han Kang occupe une place particulière en Corée du Sud. Ses récits, souvent centrés sur des protagonistes féminines, illustrent des luttes universelles liées à la marginalisation, à l’oppression et à la révolte silencieuse contre les attentes sociales. Cependant, son ton sombre et sa manière d’aborder des thèmes douloureux, comme la violence physique et psychologique, lui ont également valu des critiques au sein d’une société encore conservatrice.

Sur le plan personnel, Han Kang reste discrète. Professeure d’écriture créative à l’Institut des arts de Séoul, elle continue à vivre dans la capitale tout en se consacrant à l’écriture et à la transmission de son savoir aux générations futures.

Les premiers grands succès et la reconnaissance internationale

La reconnaissance internationale de Han Kang vient avec la traduction anglaise de son roman “La Végétarienne” en 2016, publié initialement en coréen en 2007. Ce livre explore les conséquences psychologiques et sociales d’une femme, Yeong-hye, qui décide de devenir végétarienne, une décision radicale qui la mène progressivement à l’isolement et à la déconnexion avec son entourage. Ce roman complexe sur la violence corporelle et mentale lui vaut l’International Booker Prize en 2016, propulsant son nom sur la scène littéraire mondiale. La même année, “La Végétarienne” est classé parmi les dix meilleurs romans par le “New York Times”. Elle a depuis consolidé sa stature internationale avec des œuvres traduites dans plusieurs langues. En France, elle est couronnée du Prix Médicis étranger en 2017 pour “Impossibles adieux” (2021), une œuvre sur les traumatismes du soulèvement de Jeju en 1948.

Engagements politiques et liste noire   

Sous la présidence autoritaire de Park Geun-hye, Han Kang est inscrite sur une liste noire, aux côtés de près de 10 000 autres artistes jugés critiques envers le régime. Cette liste avait pour but de priver ces artistes de subventions et de les marginaliser, bien que Han Kang soit restée discrète sur ses positions politiques. Elle continue toutefois de dénoncer à travers ses œuvres les blessures profondes laissées par les dictatures militaires en Corée du Sud, comme dans “Celui qui revient” (2014), un roman qui traite du massacre de Gwangju en 1980.

Œuvres marquantes et adaptations cinématographiques   

Les œuvres de Han Kang prennent souvent pour toile de fond l’histoire contemporaine de la Corée du Sud. “Celui qui revient” évoque les horreurs du soulèvement de Gwangju, tandis qu’”Impossibles adieux” retrace la répression du soulèvement de Jeju. Dans ces récits, Han Kang met en scène des personnages féminins en proie à la souffrance et à la marginalisation, symbolisant la lutte contre les traumatismes collectifs et individuels. Plusieurs de ses œuvres ont été adaptées au cinéma. “La Végétarienne” a inspiré le film “Vegetarian” (2010) réalisé par Lim Woo-seong, qui a reçu une reconnaissance internationale, notamment au festival du film de Sundance. Son œuvre “Bébé Bouddha” a également été adaptée, témoignant de l’influence de son écriture au-delà de la littérature.

Récompenses et reconnaissance suprême : le Prix Nobel   

Le 10 octobre 2024, Han Kang devient la première personnalité sud-coréenne à recevoir le Prix Nobel de littérature, une consécration ultime qui souligne la portée universelle de son œuvre. Le comité Nobel salue « la profondeur de sa prose poétique qui s’oppose aux traumatismes de l’histoire et révèle la fragilité de la vie humaine ». Elle est également la cinquième lauréate asiatique à recevoir cette distinction, et la première femme de la région.

Autres participations artistiques   

Outre la littérature, Han Kang a également contribué au projet artistique « Bibliothèque du futur » de l’artiste écossaise Katie Paterson. En 2019, elle a soumis un manuscrit inédit qui ne sera publié qu’en 2114, perpétuant ainsi son engagement envers la préservation de la mémoire et de l’art.

Han Kang est une écrivaine profondément marquée par l’histoire et la condition humaine, dont les œuvres transcendent les frontières culturelles et linguistiques. En confrontant la violence, le silence et la fragilité de l’existence, elle offre une réflexion poignante sur les traumatismes collectifs et personnels. Le Nobel de littérature de 2024 ne fait que renforcer son statut d’icône littéraire mondiale.

Photo : Photo:Han Kang (FreeMalaysiaToday.com)

Site internet : https://han-kang.net/

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