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Judy Collins ressuscite Wildflowers au Town Hall de New York : une performance intemporelle

En février dernier, New York a retrouvé l’éclat magique de Judy Collins dans le cadre d’un concert exceptionnel au Town Hall, immortalisé sous le titre In Concert: Wildflowers At The Town Hall NYC. Accompagnée des Harlem Chamber Players et sous la baguette de la cheffe d’orchestre Tania Leon, Collins, à 84 ans, a revisité Wildflowers, son emblématique album de 1967. Cet événement, désormais disponible en CD+DVD et LP+DVD, offre une plongée dans l’univers intemporel de cette légende vivante du folk, dont la voix, comme suspendue dans le temps, continue de fasciner et de résonner.

Ce concert a offert bien plus qu’une simple interprétation musicale : Collins a narré des histoires empreintes de sincérité et de chaleur. Ses propres compositions, comme l’introspectif “Since You Asked” ou l’envoûtant “Sky Fell,” prennent vie aux côtés des interprétations de classiques comme “Both Sides Now” de Joni Mitchell ou “Sisters of Mercy” de Leonard Cohen. Ces morceaux, ancrés dans la mémoire collective, résonnent avec une émotion unique qui témoigne de la maîtrise artistique de Collins, enrichie par des décennies de réflexion et de maturité.

Outre les chansons de Wildflowers, elle a interprété des morceaux plus récents comme “Spellbound,” issu de son album de 2022, également nommé aux Grammy Awards. Ce titre rappelle la force créative inépuisable de Collins, qui à plus de 80 ans, continue de produire des albums, notamment Spellbound, son premier album exclusivement composé de chansons originales. Sa voix, douce et puissante, captive le public, et lorsqu’elle entonne “Send in the Clowns” de Stephen Sondheim — une de ses chansons phares — l’auditorium entier semble suspendu dans un moment de pure magie.

L’album Wildflowers reste un chef-d’œuvre dans la carrière de Judy Collins, atteignant la 5e place du Billboard 200 et certifié disque d’or. Ce concert au Town Hall revêt une importance particulière : il donne aux fans la possibilité de redécouvrir ces morceaux dans un cadre intime, magnifiquement orchestré. Les arrangements de cordes, interprétés par les Harlem Chamber Players, donnent une nouvelle dimension aux chansons. Le retour de Collins sur cette scène, près de soixante ans après son premier concert au Town Hall, offre une perspective fascinante sur sa carrière, marquée par des rencontres artistiques déterminantes, comme celle avec Leonard Cohen, qui l’avait encouragée à écrire ses propres chansons. C’est ainsi que “Since You Asked” est née en une heure, un soir où elle laissa la “muse” — qu’elle évoque comme une figure mystérieuse, peut-être Cohen lui-même — guider sa plume.

Au-delà des performances, ce concert au Town Hall marque une célébration de la connexion ininterrompue que Collins entretient avec ses fans. La présence de l’orchestre et la mise en scène sublime permettent de redécouvrir ces chansons dans toute leur intensité émotionnelle. In Concert: Wildflowers At The Town Hall NYC est bien plus qu’un retour en arrière : c’est l’hommage d’une artiste à son propre héritage musical, revisité avec une pertinence et une profondeur qui transcendent les époques. Pour les amateurs de musique folk et pour les nouveaux venus, cet enregistrement est une occasion unique de goûter à l’authenticité et à l’intemporalité de l’art de Judy Collins.

Judy Collins : Une vie de musique et de militance

Enfance et débuts : Judith Marjorie Collins est née le 1er mai 1939 à Seattle, dans l’État de Washington, aux États-Unis. Issue d’une famille mélomane, elle grandit dans une atmosphère artistique, influencée par son père, Charles Thomas Collins, un chanteur de radio aveugle. Très jeune, elle est initiée à la musique classique et commence à jouer du piano à 5 ans. À 13 ans, elle interprète le Concerto pour piano n°2 de Shostakovich, mais c’est l’écoute de chansons folk comme celles de Woody Guthrie et Pete Seeger qui l’amène à délaisser la musique classique pour se tourner vers le folk. Fascinée par la profondeur de cette musique populaire, Collins apprend la guitare et commence à interpréter des ballades folk.

Les débuts et la percée dans le folk : Collins déménage à New York au début des années 1960, où elle commence à se produire dans les clubs de Greenwich Village, haut-lieu du folk de l’époque. En 1961, elle signe avec le label Elektra Records et sort son premier album, A Maid of Constant Sorrow. Elle reprend des chansons traditionnelles et d’autres artistes, mais c’est son timbre cristallin, son interprétation douce et sincère, qui la distingue. Elle continue de produire des albums, explorant un répertoire de chansons de Bob Dylan, Leonard Cohen, et Joni Mitchell, contribuant à populariser ces artistes et le folk auprès d’un public plus large.

La vie personnelle et les luttes intérieures : La vie de Judy Collins est marquée par des épreuves personnelles. Elle a combattu des addictions à l’alcool et subi des épisodes de dépression, mais elle en est sortie plus forte et déterminée. Son autobiographie Trust Your Heart (1987) et son livre Sanity & Grace: A Journey of Suicide, Survival, and Strength (2003) retracent son combat pour la sobriété et la guérison. En 1992, elle subit une perte tragique lorsque son fils, Clark, se suicide, un événement qui l’incite à s’engager dans la prévention du suicide et à sensibiliser le public aux enjeux de la santé mentale.

La carrière et les principaux albums : Avec plus de 50 albums à son actif, Collins reste une figure incontournable de la musique folk et pop américaine. Parmi ses albums les plus marquants, on trouve :

  • Wildflowers (1967) : Cet album inclut des classiques comme “Both Sides Now” de Joni Mitchell, qui devient son plus grand succès commercial et lui vaut une place dans les charts. Wildflowers est également son premier album à inclure des compositions originales, dont “Since You Asked.”
  • Who Knows Where the Time Goes (1968) : Avec des reprises de chansons de Leonard Cohen et Sandy Denny, cet album marque un tournant vers une musique plus introspective et émotionnelle.
  • Judith (1975) : Ce disque inclut “Send in the Clowns,” chanson de Stephen Sondheim qui devient un standard de sa carrière et lui vaut un Grammy Award.
  • Spellbound (2022) : Son premier album entièrement composé de chansons originales, sorti alors qu’elle a plus de 80 ans, témoigne de son intarissable créativité.

Activisme et engagement politique : Judy Collins est également une activiste engagée. Pendant les années 1960 et 1970, elle milite activement contre la guerre du Vietnam, s’impliquant dans des mouvements pour les droits civiques, la justice sociale, et la paix. Elle se produit lors de rassemblements de protestation et utilise sa notoriété pour sensibiliser le public. Son militantisme l’amène également à écrire et chanter des chansons engagées et à travailler avec des figures influentes de l’époque comme Pete Seeger et Joan Baez.

Cinéma et télévision : En dehors de la musique, Collins a fait des apparitions dans des séries télévisées et des films. Elle joue son propre rôle dans des productions comme Girls (série HBO) et The Muppet Show, où elle interprète notamment “Send in the Clowns.” En tant que réalisatrice, elle explore également le documentaire, dont Antonia: A Portrait of the Woman (1974), qu’elle a coréalisé et produit pour honorer la chef d’orchestre pionnière Antonia Brico. Ce film lui vaut une reconnaissance critique, notamment une nomination aux Oscars.

Anecdotes de carrière : La carrière de Judy Collins est jalonnée d’anecdotes mémorables. Par exemple, Leonard Cohen, un ami proche, lui a demandé pourquoi elle n’écrivait pas ses propres chansons, une remarque qui l’a poussée à composer “Since You Asked” en une soirée. Une autre anecdote concerne sa popularisation de Both Sides Now : Joni Mitchell n’avait pas encore enregistré sa propre version, et c’est grâce à Collins que la chanson atteint les sommets des charts.

Un héritage intemporel : Avec une carrière qui s’étend sur six décennies, Judy Collins continue de fasciner et d’inspirer. Sa voix, puissante et cristalline, reste intacte, tout comme sa capacité à toucher des générations entières. À plus de 80 ans, elle publie encore des albums et se produit sur scène, notamment lors de son récent concert pour les 55 ans de Wildflowers au Town Hall de New York. Toujours aussi pertinente, Judy Collins symbolise l’engagement et la résilience, une icône qui, malgré les épreuves, persiste à illuminer le monde de sa voix et de son humanité.

Site Internet : http://www.judycollins.com/

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