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L’Europe affaiblit la protection du loup : un coup dur pour la science et la biodiversité

Communiqué commun Humanité et Biodiversité, ASPAS, LPO et France Nature Environnement

Mercredi 25 septembre, le Conseil de l’UE a adopté la proposition de la Commission européenne visant à abaisser le statut de protection du loup dans le cadre de la Convention de Berne. Ce changement ouvre la porte à l’abattage des loups comme fausse solution à la prédation du bétail, ce qui va à l’encontre de l’engagement de l’Europe à sauvegarder et à restaurer la biodiversité. La décision a été adoptée après que l’Allemagne a changé de position à la dernière minute, passant de l’abstention au soutien. 

Avec cette décision, les États membres ont choisi d’ignorer l’appel de plus de 300 organisations de la société civile et de centaines de milliers de personnes les exhortant à suivre les recommandations scientifiques et à redoubler d’efforts pour favoriser la coexistence avec les grands carnivores par des mesures préventives. 

Cette décision ne sape pas seulement des décennies d’efforts de conservation, mais représente également un revers important pour ce qui a été salué comme l’un des succès les plus notables de l’Union européenne en matière de conservation de la faune : le retour du loup après sa quasi-extinction. 

Les loups sont strictement protégés par la convention de Berne et la directive européenne “Habitats”. Ils constituent une espèce clé, indispensable à la santé des écosystèmes et à la biodiversité dans toute l’Europe. L’affaiblissement de leur protection entravera la reconstitution en cours des populations de loups et compromettra les efforts visant à promouvoir la coexistence entre l’Homme et les grands carnivores, en optant plutôt pour l’approche à court terme du contrôle létal. 

En adoptant la proposition de la Commission européenne, les États membres ignorent également les données scientifiques qui montrent pourtant que le rétablissement des loups est toujours en cours et que les objectifs clés de la convention de Berne et de la directive « Habitats », à savoir le rétablissement des espèces menacées, ne sont toujours pas atteints. En outre, l’analyse approfondie de la Commission ne confirme aucunement que l’abattage réduit la déprédation du bétail. La proposition dorénavant formellement adoptée, sera soumise en tant que bloc unifié lors du Comité permanent de la Convention de Berne prévu en décembre. Toute modification de la convention de Berne nécessitera un vote par les deux tiers des parties contractantes. La modification du niveau de protection ne serait pas pour autant immédiatement applicable dans l’UE. Ce n’est qu’une fois que la modification des annexes de la convention de Berne entrera en vigueur, soit trois mois après leur adoption, que l’UE sera autorisée à modifier les annexes correspondantes de la directive “Habitats”, la législation européenne qui met en œuvre la convention de Berne. Puis, ensuite, ce sera au tour de chaque État membre de mettre à jour sa propre réglementation. 

Pour Sandrine Bélier, Directrice d’Humanité et Biodiversité : “Alors que la priorité devrait être de prendre toutes les dispositions pour rendre compatible la coexistence des activités humaines avec la présence des grands prédateurs sur un même territoire, cette décision désastreuse de réduire le statut de protection du loup remet en cause la crédibilité des engagements internationaux de l’UE en faveur de la biodiversité à quelques semaines de la COP16 sur la biodiversité”. 

Pour Jean-David Abel, Pilote du réseau “biodiversité” de France Nature Environnement : “Cette mauvaise nouvelle correspond à une décision politique qui ne s’appuie sur aucune évaluation européenne sur le bon état de conservation de la population de loups : la note scientifique produite au printemps dernier par la CE, à l’appui de son objectif de réduction de la protection juridique de l’espèce constatait que ce bon état n’était pas atteint. L’examen par la Convention de Berne devra, lui, être fondé sur des données scientifiques et non sur des avis politiques.” 

Pour Thierry Ruf, Responsable Loup au sein du Conseil d’administration de l’ASPAS : «Affaiblir la protection des loups, c’est tourner le dos à la nature et nous affaiblir nous-mêmes. Se priver de loups, c’est se priver de précieux alliés pour lutter contre l’effondrement de la biodiversité, et permettre aux forêts d’être plus résilientes face aux bouleversements climatiques.»

Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : “Alors que le terme biodiversité a disparu du gouvernement français, l’Europe envoie à son tour un très mauvais signal au reste de la planète avec ce nouveau recul écologique. Au-delà du cas emblématique du loup, l’enjeu est de réapprendre à coexister avec la faune sauvage afin de préserver notre patrimoine naturel commun et enrayer l’effondrement du vivant.»

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