En juillet 2024, huit femmes de Niort, en rémission d’un cancer, ont atteint le sommet du Mont-Blanc. L’exploit de ces femmes est illustré dans le film « La cordée de l’après » réalisé par Coline Beal. Ce dernier a été honoré du prix coup de cœur du jury lors du festival « Les quais de l’aventure » à Bordeaux, en octobre 2025.
Le film documentaire La cordée de l’après a reçu le prix du jury pour son coup de cœur lors du festival « Les quais de l’aventure » qui a eu lieu à Bordeaux du 15 au 19 octobre. Réalisé par Coline Beal, ce documentaire suit l’ascension du Mont-Blanc par huit femmes de Niort, qui sont en rémission d’un cancer. Ce projet est le fruit d’une collaboration entre deux associations de Niort : les PrinSEINSes et We are diversi’team.
L’origine du projet
En janvier 2023, lors d’une course à pied, Isabelle Deschamps, dirigeante de l’association les PrinSEINSes, croise Julien Viroulaud, président de We are diversi’team, qui œuvre pour la diversité dans le domaine sportif. Déjà en 2019, il a orchestré La cordée de la diversité. Ce documentaire suit quatre filles et quatre garçons, issus de milieux variés, avec des orientations sexuelles et des capacités physiques diverses, qui gravissent le Mont-Blanc. Ainsi, lorsque Julien rencontre Isabelle Deschamps, il lui semble évident qu’il est nécessaire d’organiser une nouvelle ascension, cette fois avec des femmes en rémission d’un cancer. Deux mois plus tard, le projet La cordée de l’après voit le jour.
En juin 2023, le projet La cordée de l’après a été lancé officiellement. Au début, tout ne semblait pas acquis : » Je pensais que je ne réussirais jamais car je ne suis pas une personne sportive « , raconte Christine Baudoin, l’une des participantes. Cependant, la détermination de Julien Viroulaud a fait la différence. » Julien a foi en nous, il nous soutient constamment. Il a réussi à nous motiver toutes« , ajoute-t-elle.
Rassembler d’anciens patients
La Cordée de l’après a rassemblé huit femmes âgées de 36 à 60 ans, toutes ayant été touchées par différents types de cancer. En 2020, Christine Baudoin a été diagnostiquée avec un cancer du rectum. » Il a fallu du temps pour établir mon diagnostic. Mon cancer était au stade 4« , se remémore-t-elle. Cela fait maintenant quatre ans qu’elle est en rémission. Bien qu’elle ait reçu une déclaration d’invalidité professionnelle pour son ancien poste d’agent territorial spécial des écoles maternelles (Atsem), Christine Baudoin, 57 ans, a récemment retrouvé un emploi dans un entrepôt, où elle s’occupe de saisie informatique. » Je tenais vraiment à retrouver une vie active. En parallèle, je consacre beaucoup de mon temps à l’association, ce qui me fait réellement du bien« , ajoute-t-elle.
L’organisation PrinSEINSes, fondée en 2020 par Isabelle Deschamps, a pour objectif de promouvoir la recherche sur le cancer et d’apporter un soutien aux femmes touchées par cette maladie. Grâce à diverses activités organisées par l’association, telles que des séances de yoga ou de marche nordique, les participantes retrouvent une vie sociale épanouissante. En 2022, Christine Baudoin fait la connaissance d’Isabelle Deschamps. » Cette rencontre a transformé ma vie. Cette association m’a véritablement sauvée. Elle m’a redonné le goût de vivre« , déclare Christine Baudoin.
Une préparation physique
Kiné, médecin, deux coachs sportifs ainsi que six guides de montagne ont soutenu et encadré les huit aventurières. Depuis septembre 2023, elles participent à un programme d’entraînement hebdomadaire avec Antoine et Jimmy d’ÔM&CO, basés à Niort. » Nous avions besoin de renforcer nos muscles avant de partir « , fait remarquer Christine Baudoin. Elle ajoute : » Cela a contribué à forger notre esprit d’équipe, nous allions nous dépasser ensemble « .
Et puis, l’idée d’un film émerge. Coline Beal, une jeune réalisatrice, fait la connaissance d’un ami de Julien Viroulaud, qui lui parle du projet. « J’ai accepté en précisant que je souhaitais réaliser un documentaire qui aborde également la maladie, et pas uniquement l’aventure« , raconte Coline Beal. Elle avait l’habitude de faire de nombreuses randonnées en montagne. Cependant, elle a développé une nouvelle relation avec les massifs : « Nous avons passé un premier week-end avec les filles avant l’ascension du Mont-Blanc, dans les Pyrénées, et j’ai réalisé le pouvoir incroyable que la montagne exerce sur les gens« , avoue-t-elle.
« Cette expérience m’a fait réaliser que notre corps est capable de bien plus que ce que nous imaginons« , s’émerveille Christine Baudoin. Du 29 juin au 6 juillet 2024, elles se sont aventurées au Mont-Blanc. Sur place, elles ont eu trois jours pour s’acclimater, suivis de deux jours d’ascension, un jour de descente et enfin une journée de récupération. Entre leur départ du Nid d’Aigle et l’atteinte du sommet du Mont-Blanc, il y a un dénivelé de 2 400 mètres. « C’était incroyable, nous avons accompli des choses extraordinaires. Je n’aurais jamais cru vivre cela« , raconte Christine Baudoin.
Cela nous a principalement révélé qu’en unissant nos forces, nous pouvons atteindre des sommets. Il existe une existence au-delà de la maladie. Bien sûr, c’est une existence distincte, mais c’est une existence tout de même.
« Ce projet m’a profondément touchée. Je n’ai pas eu la malchance de vivre le cancer, ni d’avoir des proches touchés par cette maladie. Ainsi, j’ai fait la découverte de cet univers et surtout rencontré des femmes extraordinaires, plus vivantes que quiconque, qui expriment leur joie et leur tristesse« , témoigne Coline Beal. Le documentaire a été achevé presque un an plus tard, en juin 2025.
