le 1er fevrier 1954, l’Abbe Pierre a lancé son célèbre appel, «Mes amis au secours, une femme est morte gelée cette nuit». Depuis soixante-dix ans, cet ardent défenseur des sans-abri et des mal-logés reste une icône dont le combat reste «criant d’actualité» selon les associations.
Le 1er février 1954, le fondateur des communautés Emmaüs, l’abbé Pierre, lance un appel retentissant en faveur des sans-abri. Il continuera à se battre pour différentes causes jusqu’à sa mort en 2007, à l’âge de 94 ans.
Diffusé sur les ondes de Radio Luxembourg, le cri de l’abbé Pierre, également connu sous le nom d’Henri Groues, a déclenché ce que l’on appellera plus tard « l’insurrection de la bonté » : un vaste mouvement de générosité qui a poussé le gouvernement de l’époque à agir. « Son appel de 1954 interpellait l’humanité, c’était un cri de vérité et il reste d’actualité », déclare Laurent Desmard, président d’honneur de la Fondation Abbe-Pierre.
Les personnes qui l’écoutaient avaient connu l’exode et les privations de la guerre, et étaient très sensibles à la souffrance de ceux qui vivaient dans la rue à une époque de grand froid, se souvient l’ancien secrétaire personnel du prêtre décédé en 2007 à l’âge de 94 ans.
Stimuler une motivation chez les individus pour qu’ils se mettent en mouvement, c’est un concept qui fait écho dans une société à la recherche de direction.
Même après sa mort, l’image de l’abbé Pierre, avec sa barbe blanche, son béret et sa cape noire, connu de tous, et son combat pour les plus démunis, continue d’inspirer les militants et les artistes.
Pour la seule année 2023, un biopic (intitulé » L’Abbé Pierre, une vie de combats « ) réalisé par Frédéric Tellier et interprété par Benjamin Lavernhe, une bande dessinée (intitulée » L’Abbé Pierre, une vie pour les autres « ) d’Abdel de Bruxelles et Vincent Cuvellier, aux éditions Casterman, et une réédition d’une biographie (intitulée « L’Abbé Pierre, l’insurge de Dieu ») écrite par Pierre Lunel, aux éditions Archipoche, lui ont été dédiées.
Ses discours, en revanche, sont régulièrement partagés sur les réseaux sociaux, y compris par la jeune génération sur TikTok.
Selon l’abbé Pierre, ceux qui remplissent leur assiette et laissent celle des autres vide, puis se prétendent défenseurs de la paix avec un visage vertueux, sont les vrais instigateurs et fauteurs de troubles. Dans un sondage réalisé par TF1 en 2021, il a été classé comme la personnalité française la plus influente de ces 40 dernières années, devant Coluche, Simone Veil, François Mitterrand et Johnny Hallyday.
Selon Laurent Desmard, la popularité durable de cet homme n’est pas surprenante. Laurent Desmard le décrit comme quelqu’un qui se passionnait dès qu’il y avait une bataille à mener, ce qui a fait de lui une sorte d’icône qui résonne dans les générations actuelles.
Selon Nicolas Sueur, président d’Emmaüs France, l’Abbé Pierre avait la capacité de donner envie d’agir, ce qui est toujours d’actualité dans une société en quête de sens.
Selon Nathalie Latour, de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), ces films et ces hommages démontrent surtout que « les questions pour lesquelles il s’est battu sont toujours tout à fait d’actualité, malheureusement ».
Selon Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au Logement (DAL), s’il était encore en vie, l’abbé Pierre s’en prendrait verbalement et sans retenue à Emmanuel Macron.
Soixante-dix ans après, l’appel du 1er février est toujours d’actualité selon Laurent Desmard, car la situation des sans-abri reste dramatique. Selon les récentes statistiques de la Fondation Abbé Pierre, la France comptait 330 000 sans-abri en 2022, soit deux fois plus qu’en 2012. Le nombre d’enfants à la rue a atteint un record en novembre 2023, avec 2 822 enfants, dont 686 de moins de 3 ans.