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Le retour à l’église : Un phénomène passager ou une renaissance spirituelle ?

Entre quête de sens, crise mondiale et réveil religieux discret, des jeunes et des adultes retrouvent le chemin des églises. Un simple refuge ou le signe d’un renouveau profond ?

Ils sont jeunes, parfois très jeunes. Ils n’ont pas grandi dans une famille particulièrement croyante, ni reçu une éducation religieuse rigide. Et pourtant, ils choisissent de franchir la porte d’une église catholique, protestante ou évangélique, parfois pour la première fois. D’autres, adultes, demandent le baptême. Un geste fort, intime, presque à contre-courant de l’époque.Dans une société sécularisée, marquée par la défiance envers les institutions et la multiplication des spiritualités alternatives, ce mouvement suscite à la fois curiosité, espoir… et prudence. Est-ce un simple réflexe face à l’incertitude mondiale ? Ou le signe d’un renouveau discret, mais profond, des élans spirituels ?

Un monde instable, des âmes en quête . Pandémies, guerres, crises climatiques, effondrements économiques, solitude numérique… Depuis quelques années, l’actualité ressemble à une spirale anxiogène continue. Face à cette réalité fragmentée et imprévisible, nombreux sont ceux qui cherchent un refuge, un sens, une structure intérieure. Et pour certains, cette quête passe — parfois de façon inattendue — par un retour vers les Églises. « C’est comme si quelque chose m’appelait, sans que je sache pourquoi », témoigne Élise, 28 ans, baptisée adulte dans une paroisse catholique de Bruxelles. « Je suis venue un soir par curiosité, pour écouter de la musique. Et je suis restée pour le silence, pour la paix que je ressens ici. »

Une tendance discrète mais réelle . Les chiffres ne traduisent pas toujours ce frémissement, tant il est encore minoritaire. Mais les signes sont là :

  • Des paroisses catholiques signalent une hausse des demandes de baptême chez les adultes, notamment en France, en Belgique ou au Québec.
  • Les Églises évangéliques, souvent plus dynamiques dans leur communication, enregistrent une fréquentation croissante chez les jeunes adultes.
  • Dans les milieux protestants, certains groupes de jeunes ou retraites spirituelles affichent complet, alors même que les cultes dominicaux peinent parfois à se renouveler.
  • Des événements comme les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), les parcours Alpha, ou les rencontres de Taizé continuent d’attirer, voire de convertir.

Ce qui frappe surtout, c’est que cette recherche ne semble pas être un retour nostalgique à la foi des grands-parents, mais une démarche personnelle, libre, souvent inattendue.

Une spiritualité nouvelle génération . Loin de l’image d’Épinal de la religion vécue comme contrainte ou héritage familial, le retour actuel est souvent choisi. Il ne s’agit plus de “croire parce qu’il le faut”, mais de croire parce que quelque chose manque.La génération qui revient vers la foi est ultra-connectée, éduquée, souvent en quête d’authenticité. Elle ne supporte ni les discours autoritaires ni les dogmes rigides. Ce qu’elle recherche ? Du sens, une communauté humaine, une écoute, une présence intérieure.

Le succès de certaines initiatives spirituelles “modernes” ne doit rien au hasard : musique contemporaine, témoignages, accueil bienveillant, débats ouverts, engagement social… Tout cela attire des jeunes qui ne veulent pas seulement prier, mais vivre leur foi dans le monde réel, en lien avec les grandes questions de notre époque (écologie, justice sociale, inclusion…).

Un phénomène passager ? L’histoire religieuse est faite de cycles. Chaque période de crise (guerres, épidémies, bouleversements sociétaux) a vu des retours temporaires vers le spirituel, parfois suivis d’un reflux rapide. Il est donc légitime de se demander si ce nouvel élan n’est qu’un réflexe psychologique provisoire : chercher Dieu quand tout s’effondre, puis s’en détourner dès que le monde redevient (un peu) stable.

Mais plusieurs éléments suggèrent que quelque chose de plus profond est à l’œuvre :

  • Le retour à la foi s’accompagne souvent d’une formation, d’un engagement, d’une intégration dans une communauté, voire de vocations tardives.
  • Les personnes concernées ne se contentent pas de venir à Noël ou à Pâques : elles participent activement à la vie spirituelle, même en dehors des cadres traditionnels.
  • Beaucoup expriment une volonté de mystique intérieure, de silence, de transcendance, loin du “spectaculaire religieux” ou du militantisme.

Et demain ? Lorsque le tumulte géopolitique, économique et climatique s’atténuera — si tant est qu’il s’atténue — quel visage auront les Églises ? Seront-elles plus vivantes ou retomberont-elles dans l’oubli ? Tout dépendra, en partie, de leur capacité à accueillir sans juger, à proposer sans imposer, à dialoguer sans se crisper. L’avenir spirituel ne se jouera pas sur le retour à un passé idéalisé, mais sur l’invention d’un christianisme enraciné, humble, vivant, capable de parler aux cœurs sans effrayer les esprits.

Comme le disait le théologien Joseph Moingt : « Ce ne sont pas les gens qui désertent Dieu, c’est parfois Dieu qu’on leur présente qui les fait fuir. »

Un christianisme post-institutionnel ? Peut-être assiste-t-on à la naissance d’un christianisme plus souterrain, moins institutionnel mais plus personnel. Une foi minoritaire mais fervente, discrète mais engagée, qui choisit la lumière dans l’ombre. Les églises ne seront peut-être pas pleines demain. Mais celles qui resteront ouvertes, prêtes à accueillir les blessés de la vie comme les chercheurs d’absolu, pourraient devenir de véritables refuges de sens dans un monde déboussolé.

Ce n’est pas un retour en arrière. C’est, peut-être, un nouveau commencement.

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