Alors que l’automne pointe doucement le bout de son nez, beaucoup d’entre nous ont déjà remarqué la présence accrue d’araignées dans nos maisons. Ce phénomène, souvent mal accueilli, mérite pourtant d’être compris et même apprécié. Contrairement aux idées reçues, ces petits habitants temporaires de nos intérieurs jouent un rôle crucial dans notre écosystème .
En Europe et en France, il existe peu d’araignées dangereuses pour l’homme, et les morsures graves sont très rares. Cependant, certaines espèces peuvent causer des morsures douloureuses ou des réactions chez les personnes sensibles telles que la veuve noire européenne (Latrodectus tredecimguttatus), l’araignée recluse méditerranéenne (Loxosceles rufescens) ou l’épeire fasciée (Argiope bruennichi). La plupart des araignées préfèrent fuir les humains plutôt que d’attaquer. Il est important de rappeler que les araignées ne mordent que lorsqu’elles se sentent menacées et n’ont aucune autre échappatoire.Leur venin est précieux, étant leur principal outil pour capturer leurs proies, elles évitent donc de le gaspiller inutilement. En cas de morsure suspecte, il est conseillé de consulter un médecin pour évaluer la situation.
À l’approche de l’automne, il n’est pas rare de croiser une araignée errant dans votre salon ou suspendue au plafond de votre chambre. Mais pourquoi semblent-elles particulièrement actives à cette période de l’année ? La réponse réside dans leur cycle de reproduction. En effet, les araignées que nous retrouvons dans nos maisons, appelées « araignées domicoles », sont en pleine période de reproduction. Les mâles, en quête de femelles, suivent les traces de phéromones, ce qui les conduit souvent dans nos habitations. De plus, les conditions climatiques jouent un rôle important. L’humidité accrue et les températures fraîches des nuits automnales incitent ces créatures à chercher refuge à l’intérieur, où les conditions sont plus favorables.
Si la vue d’une araignée peut parfois provoquer une réaction de panique, il est bon de se rappeler que ces petites créatures sont d’excellentes prédatrices des insectes nuisibles. Grâce à leurs toiles, elles capturent mouches, moustiques, et autres insectes indésirables, contribuant ainsi à maintenir un équilibre écologique dans nos maisons. Par exemple, la pholque, avec ses longues pattes, est redoutable contre les tégénaires, souvent perçues comme plus effrayantes.
En France et en Europe, plusieurs espèces d’araignées sont communes et se retrouvent souvent dans les jardins, les maisons ou les milieux naturels. Voici quelques-unes des plus fréquentes :
Épeire diadème (Araneus diadematus)
Aussi appelée « araignée des jardins », elle est facilement reconnaissable à la croix blanche qu’elle porte sur son abdomen.Elle tisse de grandes toiles rondes dans les jardins et les espaces verts.Inoffensive pour l’homme, elle est utile pour contrôler les populations d’insectes.
Tégénaire domestique (Tegenaria domestica)
Commune dans les habitations, cette araignée a une couleur brun foncé et des pattes longues et velues. Elle construit des toiles en forme de tunnel dans les coins des maisons ou des caves. Inoffensive, elle est souvent source de peur en raison de sa taille.
Araignée-loup (Lycosidae)
On la trouve souvent dans les jardins et les sous-bois. Contrairement aux araignées de toile, elle ne tisse pas de piège mais chasse ses proies au sol. Elle est généralement de couleur brun-gris avec des motifs sur le dos. Elle ne représente pas de danger pour l’homme.
Pholque phalangide (Pholcus phalangioides
Communément appelé « araignée de cave », elle a de longues pattes fines et un petit corps. Souvent vue dans les coins des plafonds, des caves ou des garages.Elle est totalement inoffensive et aide à réguler d’autres populations d’insectes.
Fausse veuve noire (Steatoda triangulosa )
Surnomée ainsi en raison de sa ressemblance avec la veuve noire (Latrodectus), elle est beaucoup moins dangereuse.Elle se trouve dans les maisons et les abris, construisant des toiles irrégulières. Sa morsure est rare et généralement sans gravité.
Saltique ou araignée sauteuse (Salticidae)
Ces petites araignées sont facilement identifiables par leurs yeux bien visibles et leur comportement actif (elles sautent pour attraper leurs proies). Elles vivent dans les jardins, les murs ou à l’intérieur des habitations.Inoffensives et fascinantes à observer, elles ne tissent pas de toiles.
Au-delà de leur rôle dans nos maisons, les araignées sont des régulatrices essentielles des populations d’insectes dans la nature. Une prairie peut accueillir entre 3 et 4 millions d’araignées par hectare, illustrant leur importance dans le contrôle des populations d’insectes. Elles sont également des proies pour de nombreux autres animaux, tels que les oiseaux et les reptiles, ce qui fait d’elles un maillon crucial de la chaîne alimentaire.
En conclusion, plutôt que de les redouter, il est temps d’apprécier les araignées pour ce qu’elles sont : des alliées discrètes et indispensables pour maintenir l’équilibre dans nos écosystèmes. Elles ne cherchent ni à nous nuire ni à envahir nos espaces de vie, mais simplement à survivre et à remplir leur rôle écologique. Alors, la prochaine fois que vous en croisez une dans votre maison, rappelez-vous qu’elle est là pour vous rendre service.
Photo : Tégénaire domestique (Tegenaria domestica)