Entretien avec Yann GAUDIN engagé dans l’écologie et au service bénévolement des demandeurs d’emploi.
Benoit de jimagine.org : Bonjour Yann GAUDIN pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?
Yann GAUDIN : J’ai 44 ans, j’habite à Rennes et je suis né à Cholet. J’ai grandi dans la campagne près d’une petite commune de Vendée, j’en ai gardé un attachement fort à la nature et aux animaux. D’où mon engagement pour l’écologie depuis plusieurs années mais on me connaît surtout comme ex-conseiller Pôle emploi, notamment au service du public des arts & spectacle. Je suis entré à l’ANPE en 2006 comme conseiller, c’est d’ailleurs une conseillère ANPE qui m’avait parlé du concours d’entrée en 2005 alors que j’étais au chômage après un parcours professionnel de commercial. A partir de 2014 j’ai découvert des anomalies qui portaient préjudice aux usagers de Pôle emploi, j’ai bien évidemment d’abord signalé ces anomalies à ma direction mais comme rien ne changeait j’ai fini par tout révéler au grand public en 2019 puis j’ai été licencié en 2020. Aujourd’hui je poursuis mon activité sous la forme de conseiller bénévole et formateur occasionnel pour les professionnels des arts & spectacle.
Benoit de jimagine.org : Vous êtes lanceur d’alerte, pouvez-vous nous en parler ?
Yann GAUDIN : Avant d’apparaître comme lanceur d’alertes, on est bien souvent lanceur de signalements auprès de sa hiérarchie comme ce fut le cas pendant 5 ans pour ma part. Suite à un loi spécifique entrée en vigueur en 2017, Pôle emploi a dû créer un service interne de recueil d’alertes et j’avais espéré, peut-être un peu naïvement, que ça puisse faire cesser les malversations mais ça n’a pas fonctionné. J’ai écrit aussi au Ministère du travail qui s’est déclaré incompétent, d’où ma décision de rendre publics tous les sujets de spoliations que Pôle emploi n’a jamais niés et enfin, depuis, il y a eu des progrès sur plusieurs des sujets de mes alertes ! Même si personnellement ça m’a coûté mon contrat de travail… De toutes façons je n’avais pas d’autre voie possible que ce parcours de lanceur d’alertes, je n’aurais pas pu taire tous ces préjudices juste pour conserver mes seuls privilèges de salarié Pôle emploi, où mon salaire était confortable puisque je gagnais en moyenne 2400€ net par mois quand j’ai été licencié. Mais rien ne peut corrompre mes valeurs d’honnêteté, de rigueur, de bienveillance et de dévouement.
Benoit de jimagine.org : Que pensez-vous du revenu universel ?
Yann GAUDIN : Pour vivre en société, et pour vivre tout court, nous avons besoin du travail. Pour nous nourrir, nous vêtir, nous abriter, etc. nous avons besoin du travail des autres et pour que ce soit équitable, les autres ont besoin de notre travail aussi. Après se pose la question de l’organisation et de la rétribution du travail. Je comprends qu’on puisse rêver de se libérer du salariat pour ne plus subir l’aliénation d’un management toxique ou, en lien avec mon parcours, ne pas avoir à se sentir sale en obéissant par exemple à des consignes qui portent préjudice aux autres, mais c’est justement davantage sur la qualité et l’éthique du management qu’on devrait réfléchir. Un revenu universel sans conditions risquerait fort de priver de main d’œuvre des secteurs essentiels comme l’agriculture où il va y avoir besoin de plus en plus de monde dans les décennies à venir, or une pénurie alimentaire serait catastrophique. A l’époque des chasseurs-cueilleurs, on ne peut pas imaginer qu’un membre d’une tribu laisse les autres partir toute la journée chercher de la nourriture et attendre qu’il ait sa part à leur retour, sans conditions. Notre époque est passionnante parce qu’il va falloir réinventer le monde mais un revenu correct apporté sans aucune condition ne me paraît pas du tout adapté à la situation justement, nous n’avons pas les ressources naturelles ni l’énergie propre suffisante pour remplacer le travail par des machines, c’est plutôt l’inverse qui va se produire. Plutôt que de rêver de supprimer le travail, il faut donc plutôt penser à le rendre plus agréable. D’ailleurs l’hypothèse étymologique de mot travail, basée sur le latin tripalium qui renvoie à un instrument de torture, est remise en cause par une autre hypothèse basée sur le latin transambulare devenu ensuite trabulare et qui signifie « parcours à travers », en somme : un parcours à travers la vie, avec les autres et pour les autres.
Benoit de jimagine.org : Comment faire pour vous contacter ?
Yann GAUDIN : Pour de l’aide concernant les droits avec Pôle emploi, on peut me contacter sur Facebook ou par e-mail, j’ai un site professionnel où on trouve mes coordonnées ainsi qu’un projet d’association au service des professionnels du spectacle : www.reussirsonparcourspro.com