
S’il est un nom qui évoque instantanément les sombres années de la Prohibition américaine, c’est bien celui d’Al Capone. Symbole d’une époque aussi fastueuse que violente, Alphonse Gabriel Capone – plus connu sous le nom de « Scarface » – incarne à lui seul le mythe du gangster charismatique, impitoyable et insaisissable.Né à Brooklyn en 1899, quatrième enfant d’une fratrie d’immigrés napolitains, Capone grandit dans les rues hostiles de New York. Renvoyé de l’école à 14 ans après avoir agressé un professeur, il rejoint un gang local dirigé par Johnny Torrio. Ce dernier devient son mentor, l’initiant aux rouages du crime organisé. Très jeune, Capone est marqué au visage par une balafre suite à une altercation : la cicatrice lui vaudra son surnom désormais légendaire. Après un court passage dans la légalité comme comptable à Baltimore, il rejoint Torrio à Chicago en 1920. À l’époque, la Prohibition transforme les trafics d’alcool en or noir. Capone grimpe rapidement les échelons et, en 1925, prend les rênes de l’organisation à la suite de la retraite forcée de Torrio. À 26 ans, il contrôle un véritable empire : jeux, prostitution, bars clandestins, racket et assassinats ciblés. (Photo : Eliott Ness)

Dans la ville de Cicero, proche de Chicago, Capone règne en maître. Son influence s’étend aux juges, policiers et politiciens qu’il corrompt à coups de valises de billets. Il fait même œuvre de philanthropie en ouvrant une soupe populaire pendant la Grande Dépression, pour adoucir son image d’ennemi public numéro un.Mais la chute approche. En 1929, le célèbre massacre de la Saint-Valentin choque l’Amérique : sept membres du gang rival de Bugs Moran sont exécutés à la mitraillette dans un garage. L’opinion publique réclame des comptes. Tandis qu’Eliot Ness et ses “ Incorruptibles “ mènent une croisade médiatisée contre lui, ce n’est pas pour meurtre ou racket qu’il sera condamné, mais pour fraude fiscale. En 1931, le gouvernement américain réussit là où les balles avaient échoué : Capone est incarcéré à Alcatraz pour onze ans. Affaibli par la syphilis, libéré en 1939, il finit ses jours dans sa villa de Palm Island, en Floride, dans un état mental dégradé. Il meurt en 1947 à l’âge de 48 ans. Sa légende, elle, ne cessera de grandir, nourrissant films, séries, livres et fantasmes. (Photo : La cellule de Capone à la prison Eastern State Penitentiary, aujourd’hui désaffectée, à Philadelphie,où il a passé environ neuf mois à partir de mai 1929)

Les spaghetti aux noix : un goût d’Italie dans la cuisine de Scarface
Derrière l’image du gangster sanguinaire, subsiste une facette méconnue d’Al Capone : celle d’un homme attaché à ses racines italiennes, à sa famille, et aux plaisirs simples de la table. L’un de ses plats préférés n’était ni extravagant ni luxueux, mais profondément authentique : les spaghetti aux noix. Simple et rustique, cette recette évoque les collines de Campanie d’où venaient ses parents, les repas familiaux bruyants, et la chaleur de la cuisine maternelle. Bien loin des dîners de la mafia dans les clubs feutrés, cette assiette fumante incarne une nostalgie, une tendresse presque oubliée au cœur d’un monde de violence.

Recette des Spaghetti aux noix façon Al Capone
Ingrédients (pour 4 personnes) :
- 400 g de spaghetti
- 150 g de cerneaux de noix
- 2 gousses d’ail
- 6 cuillères à soupe d’huile d’olive extra vierge
- 60 g de parmesan râpé (ou pecorino pour plus de caractère)
- Un petit bouquet de persil frais
- Sel et poivre noir du moulin
- (Optionnel) Une pincée de piment rouge pour une touche épicée
Préparation :
- Faire griller légèrement les noix à sec dans une poêle pendant 3 à 4 minutes. Laissez-les refroidir puis hachez-les finement (au couteau ou au robot pour une texture plus fine).
- Faites cuire les spaghetti dans une grande casserole d’eau bouillante salée, selon les indications du paquet. Égouttez-les en gardant une louche d’eau de cuisson.
- Pendant ce temps, faites revenir l’ail finement émincé dans l’huile d’olive, à feu doux, jusqu’à ce qu’il soit doré et parfumé. Attention à ne pas le brûler.
- Ajoutez les noix hachées dans la poêle avec l’ail et faites revenir une minute pour qu’elles s’imprègnent de l’huile parfumée.
- Incorporez les pâtes égouttées dans la poêle. Mélangez bien, ajoutez un peu d’eau de cuisson pour lier le tout si nécessaire.
- Hors du feu, ajoutez le parmesan râpé et le persil ciselé. Poivrez généreusement, goûtez et ajustez le sel.
- Servez immédiatement, avec un filet d’huile d’olive crue et, pour les amateurs, une pincée de piment.
Un plat à méditer, une époque à digérer
À travers cette recette, on devine un homme tiraillé entre deux mondes : celui de l’enfant d’immigrés italiens, façonné par la dureté de la rue mais encore ancré dans la culture familiale, et celui du criminel impitoyable devenu roi d’un empire bâti sur la violence.
Les spaghetti aux noix d’Al Capone sont plus qu’un plat : ils sont une mémoire. Un pont entre la table de la mamma et les salons enfumés de Chicago, entre l’Italie du Sud et la mafia américaine. Un dernier goût d’humanité dans une vie où la tendresse ne s’exprimait plus qu’à travers une assiette de pasta.
Buon appetito… mais surveillez vos arrières.


Photo : Tombe de Capone au cimetière Mount Carmel, à Hillside, dans l’Illinois
Sources : FBI, Wikipédia et eatshistory.com