Le 6 juin 2025 marque un tournant dans la discographie déjà foisonnante de Mary Chapin Carpenter. Avec Personal History, son dix-septième album studio, l’icône américaine du folk-country livre un projet d’une sincérité désarmante, peut-être le plus personnel de toute sa carrière.Enregistré en live aux Real World Studios de Peter Gabriel à Bath, en Angleterre, et produit par Josh Kaufman (Bonny Light Horseman, Bob Weir, The National), ce nouvel opus se distingue par sa densité émotionnelle et sa finesse d’écriture. Carpenter ne se contente pas de chanter ses souvenirs : elle les fouille, les éclaire, les ordonne comme les pages d’un carnet intime. “J’ai écrit tout cela chanson après chanson, comme une histoire personnelle “, confie-t-elle, citant son admiration pour le roman My Name Is Lucy Barton d’Elizabeth Strout.
Une mosaïque autobiographique – Constitué de 11 titres, Personal History explore les thèmes du souvenir, du vieillissement, de la perte et de la beauté du quotidien. L’album s’ouvre avec “What Did You Miss?”, ballade poignante marquée par un piano sobre et mélodieux, où Carpenter s’interroge sur ce que nous perdons en faisant certains choix. Le titre donne d’ailleurs son nom à l’album, au fil de cette phrase clé : “I’ve been writing it down song by song as a personal history. “ Viennent ensuite des morceaux comme “Paint + Turpentine”, hommage feutré au songwriter Guy Clark, ou encore “Girl and Her Dog”, ode à la simplicité et à la vie rurale, écrite dans un esprit contemplatif. L’arrangement minimaliste accentue la sensation d’intimité, comme une confidence murmurée à l’oreille. Parmi les temps forts de l’album, “The Saving Things” émerveille par ses images poétiques : “le bruit de la pluie sur un toit qui chante” ou “ le premier jour de printemps après une longue absence “. La chanson évoque ces détails qui sauvent l’âme lorsque tout semble perdu. Plus enlevée, “Bitter Ender “ mêle harmonica, guitares slide et percussions nerveuses pour évoquer notre obstination à réparer l’irréparable. Plus loin, “The Night We Never Met” flirte avec l’univers des crooners, dans une valse rétro pleine de grâce. Enfin, “Home is a Song”, magnifié par les harmonies d’Anaïs Mitchell, célèbre le lien à un lieu, une terre, une mémoire — une chanson à la beauté frémissante.
Une production sensible et fidèle – Josh Kaufman orchestre ici une production fine, cinématographique par moments, jamais démonstrative. On retrouve les fidèles musiciens Matt Rollings, Duke Levine, Cameron Ralston, Chris Vatalaro et Katey May, qui ont su offrir un écrin sonore chaleureux, épuré, mettant en valeur chaque inflexion de la voix de Carpenter. L’album a été masterisé chez Sterling Sound et pressé en vinyle audiophile par David Rawlings’ Paramount Pressing. Résultat : une œuvre à la fois introspective et universelle, apaisante et lumineuse, qui nous invite à réfléchir à nos propres histoires personnelles. Avec Personal History, Mary Chapin Carpenter signe peut-être l’un de ses meilleurs albums à ce jour. C’est un disque de sagesse, d’élégance, de vulnérabilité maîtrisée. Une œuvre d’artisan et de poète.
Biographie de Mary Chapin Carpenter
Mary Chapin Carpenter, née le 21 février 1958 à Princeton (New Jersey), est une auteure-compositrice-interprète américaine incontournable de la scène folk et country depuis plus de trois décennies. Fille d’un cadre de presse et d’une chanteuse folk, elle grandit entre les États-Unis et le Japon. Diplômée de l’Université Brown en civilisation américaine, elle fait ses débuts dans les clubs de folk de Washington D.C., où elle développe une plume sensible et engagée.
Son premier album, Hometown Girl (1987), passe inaperçu, mais elle perce avec State of the Heart (1989) et surtout avec Come On Come On (1992), album quadruple disque de platine. Ce dernier inclut des tubes comme “I Feel Lucky”, “He Thinks He’ll Keep Her” ou encore “Passionate Kisses”, qui lui vaudront plusieurs Grammy Awards, dont quatre consécutifs dans la catégorie Meilleure chanteuse country entre 1992 et 1995. Par la suite, Stones in the Road (1994) confirme son statut d’artiste majeure, couronné par un Grammy pour le meilleur album country. Elle enchaîne les projets tout en gardant un style distinctif : un folk-country raffiné, aux paroles introspectives souvent marquées par une conscience sociale et féministe.
Elle quitte Columbia Records au début des années 2000 pour rejoindre des labels indépendants comme Zoë Records, puis crée son propre label, Lambent Light, en 2015. Elle y publie plusieurs albums salués pour leur profondeur, notamment The Things That We Are Made Of (2016), The Dirt and the Stars (2020), et plus récemment Looking for the Thread (2025), en collaboration avec Karine Polwart et Julie Fowlis. Carpenter est également active dans le monde associatif et politique, soutenant diverses causes environnementales, humanitaires et sociales. En 2024, elle lance le podcast Hope is a Muscle, où elle dialogue avec des personnalités inspirantes comme Joan Baez ou Jamie Raskin.
Avec 5 Grammy Awards, 17 albums, une multitude de collaborations et une œuvre littéraire à son actif, Mary Chapin Carpenter s’impose comme une artiste rare, qui a su conjuguer longévité, exigence artistique et humanité. À 67 ans, elle continue de tracer une route singulière, humble et lumineuse, dans le paysage musical nord-américain.
Pour en savoir plus sur Mary Chapin Carpenter
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